10.9.09

Bitur-Camember et Nasr Eddin Hodja

Moi aussi, bille en tête et sans désemparer, je vais contribuer à la théorie libertarienne en proposant la variante Nasr Eddin Hodja de la loi de Bitur-Camember. Ce qui me l'a inspiré est la réception du document suivant, très érudit et fouillé : Pourquoi pas "Bitur-Camember?"‏, et aussi mes lectures de vacances : Les aventures de l'incomparable Nasr Eddin Hodja.

Nasr Eddin Hodja est un personnage mythique, à la fois ingénu et faux-naïf, toujours quelque part entre l'idiot du village et le génie méconnu, une espèce de sapeur Camember oriental qui aurait quitté l'armée en n'ayant pas toute sa tête. Ses histoires, si l'on veut bien ne pas tenir compte de l'environnement moyen-oriental et de l'inspiration soufie, rappellent certains récits zen. Ainsi Nasr Eddin Hodja assure ne pas monter son âne à l'envers, il l'a monté comme d'habitude du pied droit, mais en fait il est tombé sur un animal qui est gaucher. Quand il perd un objet, il va le chercher là où il y a de la lumière, même s'il sait que l'objet ne s'y trouve pas. Il ne comprend pas qu'un chat vole une volaille en oubliant également de voler la recette pour l'apprêter. Il court après le son de sa voix pour savoir jusqu'où elle porte. Quand il prétend ressusciter les morts et que le sultan veut le mettre à l'épreuve, il propose de décapiter ce dernier pour prouver ses dires. Ses saillies d'absurdiste peuvent être souvent transposées à la politique. Ainsi, le récit suivant, qui donne le dernier mot au politicien, plus subtilement que Christophe avec le borné sergent Bitur, qui lui, ne sait manier que le bâton et n'a pas appris l'art de l'enfumage avec l'incomparable Nasr Eddin.
Un plan mûrement réfléchi
Nasr Eddin creuse un trou profond dans son jardin, qu'il comble ensuite de pierres. Un voisin le voit faire et l'interpelle ironiquement :
- Hé, Hodja ! C'est très bien à toi de faire disparaître les pierres, mais que vas-tu faire de la terre que tu as retirée ?
- Rien de plus simple, répond Nasr Eddin : je la mettrai dans un autre trou, que j'aurai creusé après celui-ci.
- Très ingénieux, Nasr Eddin ! Mais dis-moi, la terre que tu auras retirée du deuxième trou, qu'en feras-tu ? La mettras-tu dans un troisième ?
- Allons, laisse-moi tranquille maintenant. Je n'ai pas le temps de t'expliquer mon plan dans tous les détails.

Il fait bien : le diable n'est-il pas dans les détails ? Surtout quand les "détails" sont aussi gros qu'un Trou de la Sécu dans le budget d'un ministère du Déficit !

Ainsi, à la loi de Bitur-Camember : "la redistribution politique détruit en tendance une richesse équivalente à celle qu'elle vole", j'ajoute le corollaire de Nasr Eddin Hodja : "l'art de la politique consiste à masquer la destruction de richesse par l'enfumage des victimes".

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